Lexique trans

Introduction
Ce lexique a été établi pour accueillir le plus respectueusement l'ensemble des personnes.
Les définitions présentées font consensus dans notre groupe, mais ne feront jamais
l’unanimité. Aucune ne le fait partout, de par l'autodétermination des individus, la fluidité et l'évolution du langage. Vous pourrez donc rencontrer des personnes qui n’auront pas les mêmes définitions. Il convient, bien sûr, de s'adapter aux façons dont les personnes s'autodéterminent.
Ce lexique est rangé dans l'optique d'un apprentissage progressif, chaque terme donnant les clefs pour comprendre les termes suivants.

 


Termes liés aux transidentités


Transidentités : ensemble des vécus trans. Il convient de l’accorder au pluriel pour affirmer la diversité des vécus trans.

LGBTQIA+ : Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Intersexes, Asexuel·le·s ou Aromantiques, le "+" indiquant la non-exhaustivité, incluant toute identité de genre ou orientation marginalisée.

Genre : Classe sociale construite culturellement. En occident, cela admet deux catégories, dont une dominée : les femmes ; et une dominante : les hommes. Genre est également utilisé en raccourci pour désigner l’identité de genre.

Sexe : Construit social basé sur des observations moyennes des différences biologiques entre les genres. Il est communément admis scientifiquement que le sexe est un spectre. Peut également désigner l’appareil génital.

Assignation à la naissance : À la naissance, les médecins décident, selon des normes de longueur du pénis/clitoris, si l’individu est un garçon ou une fille.

AMAB (acronyme de Assigned Male At Birth) : Personne assignée homme à la naissance.

AFAB (acronyme de Assigned Female At Birth) : Personne assignée femme à la naissance. Ces acronymes sont à proscrire pour désigner des personnes. Ils ne servent qu’à renseigner sur l’assignation qu’a subi un individu, à ne faire que si nécessité absolue dans le contexte.

Identité de genre : Ressenti interne du genre de l’individu. Indépendamment de son
assignation, du regard de la société ou de son apparence/expression de genre

Expression de genre : Ensemble de caractères visibles pouvant amener à catégoriser une personne comme à un genre ou l’autre (corps, vêtements, maquillage, parfum, attitude, …). L’expression de genre peut être différente de l’identité de genre, que cela soit voulu par l’interessé·e ou pas. Elle ne suffit pas à déterminer le genre de quelqu’un·e.

Personne trans : Une personne trans est une personne qui n’est pas du genre qu’on lui a assigné à la naissance. On admet que l’adjectif trans est le diminutif de transgenre. D’autres versions peuvent exister, mais elles sont propres aux interessé·e·s et ne devraient pas être utilisées par des personnes non concerné·e·s.

Personne cis : Personne ne se ressentant pas d'un autre genre que celui qu'on lui a assigné à la naissance. On admet que l’adjectif cis est le diminutif de cisgenre.

Femme trans : Femme AMAB.

Homme trans : Homme AFAB

Personne non-binaire (NB) : Personne dont le genre n'est pas "homme" ou "femme" : cela peut être une combinaison, une absence (agenre), ou un genre autre.
D’après notre définition, les personnes non-binaires sont inclues dans les vécus trans. Mais certaines peuvent ne pas se définir trans. Chaque personne NB peut avoir ou non un besoin de transition médicale et/ou administrative.

Transition : Indifféremment utilisé pour désigner une transition médicale (hormones,
chirurgies, autres) et/ou sociale et/ou administrative, la transition est l’ensemble des actes que va accomplir une personne trans afin de se sentir mieux dans son genre ou pour cispasser.

Cis·passing : Le passing désigne une expression de genre permettant clairement d’identifier une personne comme d’un genre ou l’autre (ou pas du tout pour les passings androgynes). Le cispassing désigne le fait qu’une personne trans « passe » comme une personne cis. On dira alors qu’elle cispasse.

Stealth (anglais pour "furtif", "sous-marin") : On dit d’une personne trans qui a un cispassing et qui ne révèle pas qu’elle est trans qu’elle est "stealth". Souvent le seul moyen pour une personne trans d’aspirer à une vie un tant soit peu « normale », moins exposée aux violences.

Out (anglais pour « sorti·e » du placard) : Par opposition à stealth, une personne trans "out" ne cherche pas à passer pour cis (indépendamment de son cispassing)
Coming-out ("sortie du placard"): Déclarer à quelqu’un·e que l’on est trans (ou LGBTQIA+) et indiquer son genre. Une personne trans peut être amenée à faire son coming-out à plusieurs moments de sa vie, en fonction de ses proches/ami·e·s et de sa situation.

Outing/outer : Révéler qu’une personne est trans (ou LGBTQIA+). L’outing ne doit JAMAIS se faire sans le consentement de la personne concernée. Et cela peut être considéré, dans le code pénal, comme une atteinte à la vie privée.

Dans le placard/closet : dans le cadre d'une personne trans, se dit quand elle se fait toujours passer pour son genre d’assignation, et n'a pas fait de coming-out. Utilisé également par l’ensemble de la sphère LGBTQIA+.

Dysphorie de genre : Sensation d’inconfort, de détresse ou de rejet résultant de son
assignation à la naissance. Elle peut être liée au corps et/ou à des critères sociaux. Ce terme d'origine médicale est souvent utilisé de façon abusive, comme un critère. Or, une personne trans ne ressent pas nécessairement de la dysphorie. Cette dysphorie peut, en revanche, être déclenchée par des situations qui peuvent sembler anodines aux autres.

Euphorie de genre : Sensation de bien-être ou de confort résultant de se reconnaître dans son genre que cela soit socialement ou corporellement. L’euphorie de genre peut être déclenchée chez les personnes trans par toutes sortes de situations, qui ne correspondent donc pas nécessairement à des stéréotypes de genre !

Caractéristiques sexuelles : Ensemble des caractères sexués : hormones, organes internes, organes externes, chromosomes, poitrine, pilosité, répartition des graisses, …

Hormones : Dans le cadre des transitions médicales de personnes trans, celles-ci sont
souvent amenées à prendre des hormones dîtes sexuelles : oestrogène et progestérone pour les femmes trans, testostérone pour les hommes trans). On parle de THS (traitement hormonal de substitution, ou de THF ou THM (traitement hormonal « féminisant »/«masculinisant »)

Dicklit : Clitoris ayant changé sous l’action d’un THS. Des hommes trans ou des personnes NBs, hormoné·e·s ou non, utilisent également ce terme pour désigner leur clitoris.

Femmis/Ladyck/girldick : Pénis ayant changé sous l’action d’un THS. Des femmes trans ou des personnes NBs, hormoné·e·s ou non, utilisent également ce terme pour désigner leur pénis.

SRS (Sex Reassignment Surgery): Chirurgie génitale. Souvent appelé LA chirurgie, à tort. Elle en incluse des diverses et variées, et toutes les personnes trans n'en ressentent pas le besoin. Elle n'est légalement plus exigée pour un changement d'état civil.

Transphobie : Discrimination/haine/aversion/rejet des personnes trans. La transphobie
ordinaire paraît souvent anodine aux personnes cis. Ne pas respecter l’identité d’une
personne en est un exemple. La transphobie peut être intériorisée, amenant une personne à se haïr elle-même ou d’autres personnes trans.

Morinom, necronom ou deadname : Nom donné à la naissance et rejeté car renvoyant à l’assignation.
Si celui-ci n’est pas rejeté, ça peut être « ancien nom », ou « nom civil » s'il n'est pas changé.

Mégenrer : Utiliser un pronom ou des accords qui ne sont pas ceux utilisés par la personne.
Si le mégenrage est volontaire, il s’agit d’un acte transphobe particulièrement blessant.
S’il est accidentel, mais répété parce que la personne ne souhaite pas réellement s’en
préoccuper, on considère cette négligence comme un transphobe également.

Normativité : imposer une situation comme normale, allant de soi, alors qu’elle n’est qu’un élément culturel encouragé.

Hétéronormativité : considérer le fait d'être hétéro comme "normal", allant de soi, comme la référence par défaut et de marginaliser tout ce qui en sort.

Cisnormativité : considérer le fait d'être cis comme "normal", allant de soi, comme la
référence par défaut, de marginaliser tout ce qui en sort.

Queer : Ancienne insulte (anglais pour « bizarre, tordu ») réappropriée par des personnes qui se revendiquent de façon politique en dehors des normes hétéro-cis.

CEC (*Changement d'État Civil) : Désignant la plupart du temps l'acte de changement de sexe à l'état civil (+ prénom éventuellement) qui se fait devant le Tribunal de Grande
Instance. Il peut également désigner l'acte de changement de prénom en mairie.

TERF (*Trans Exclusionnary Radical Feminist) : Désigne une fraction de féministes et d’individu·e·s luttant contre les droits des personnes trans au nom de la sécurité des femmes cis dans les espaces non-mixtes (toilettes/prisons). Utilisé à tort pour désigner les personnes transphobes en général.


Termes liés à tort aux transidentités

Travesti·e : Personne adoptant une expression de genre du "genre opposé" à des fins
d’amusement, artistique ou d’excitation.

Drag-queen, drag-king, drag-queer : Personne se travestissant dans une performance
artistique reprenant les codes culturels drag, caricaturant généralement les codes genrés.

 


Termes à ne pas utiliser


Mâle/Femelle : Utiliser surtout pour étudier la reproduction sexuée, il convient pour des
raisons de respect de ne pas les utiliser pour parler de nos congénères humains ou pour parler de leurs parties génitales. Comme on l’a vu plus haut, le sexe est un construit social.
Un pénis est un pénis, pas un organe sexuel mâle.

Masculin/Féminin : Adjectifs se référant à une adéquation avec des stéréotypes genrés. Il peut être tentant de les utiliser, mais demandez-vous au préalable si leur utilisation ne sera pas vécue comme un jugement (qu'il soit positif ou négatif) du cispassing de quelqu’un·e.

Personne issue de la transidentité : Des personnes considérant leur transition « achevée » utilisent parfois ce terme. À ne pas utiliser sur des personnes n’utilisant pas le terme elles-mêmes. Il implique qu'être trans serait limité à un parcours avec un début et une fin.

Changer de sexe : Ça se réfère souvent, dans l’imaginaire collectif, à « LA chirurgie » (SRS). En fait, les caractéristiques sexuelles de personnes, qu'elles soient cis ou trans, ne sont pas binaires et peuvent changer tout au long de leur vie.

Changer de genre : Une personne trans ne change généralement pas d'identité de genre ; elle l'affirme, la révèle ou l'assume. Dans une approche matérialiste du terme genre, en tant que classe sociale, le "genre" d’une personne trans n’est jamais tout à fait du genre femme ou homme, puisque cela peut dépendre de ce que son interlocuteurice sait ou perçoit.

Naître dans le mauvais corps : Se focaliser sur les le corps des personnes trans est une erreur commune et stigmatisante. Les difficultés liés à la transidentité découlent de
l’assignation à la naissance, non du corps dans lequel on naît. Une personne trans peut tout-à-fait avoir la sensation d’être née dans un corps qui est bien le sien, en y apportant ou non des modifications pour que son apparence lui convienne d’avantage et/ou soit plus vivable en société.

Transsexuel·le : Ce terme pathologisant, introduit par les psychanalystes dans les années 50 dans le registre de la psychose, est proscrit aujourd'hui. De plus, il répand par son étymologie, la confusion que les transidentités seraient une "sexualité".
Certaines personnes trans utilisent ce terme, pour diverses raisons qui leur appartiennent. Iels se désignent comme iels le souhaitent. Le diminutif « trans » convient à la grande
majorité d’entre elleux.

Transsexualité : synonyme de transidentités. À ne pas utiliser (voir plus haut)

Transsexualisme : terme médical utilisé pour catégoriser la transidentité en maladie
mentale, aujourd'hui absent des références scientifiques mondiales.

Travelo, trav, shemale, ladyboy ou pussyboy, femboy, garçon manqué : termes insultants en francophonie. Parfois réappropriés.

Inclusion dans les termes LGBTQI+

« Lesbienne » et « gay » sont bien connus, mais souvent ciscentrés.
Il est important de comprendre qu'un couple de lesbiennes peut, par exemple, être composé d'une femme cis et d'une femme trans, ou qu'un homme gay peut avoir une vulve.
Il peut aussi arriver par exemple qu'une personne transmasculine, bien que ne se définissant pas femme, garde son identité politique de gouine (réappropriation de l'insulte). Comme toujours, l'important est de respecter la façon dont la personne s'auto-détermine.
La définition consensuelle des personnes bi serait «attirées pour les hommes et les
femmes ». Mais cette définition est binaire, et a pu être qualifiée de transphobe.
Le terme pan (attirées par des personnes de tout genre) s'est forgé notamment pour inclure des personnes non-binaires. On constate qu'il est surtout utilisé par les populations jeunes.
Mais d'autres définitions de bi existent, qui s'approchent beaucoup de celle de pan :
Homo étant attiré par le même genre ; hétéro étant attiré par un autre genre ;
bi serait « attiré par des personnes du même ou d'un autre genre ».
Plus d'infos sur http://bicause.fr/
La définition consensuelle de l'intersexuation, dans les associations humanitaires, est :
« personnes nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux
définitions typiques du masculin ou du féminin ».
Mais un besoin de définition plus politique a émergé, pour sortir clairement de la
pathologisation, et y agréger un vécu social :
« l'intersexuation désigne les expériences des personnes nées avec un corps qui ne
correspond pas aux définitions normatives du « masculin » ou du « féminin ». »
Elle sort ainsi de la réalité biologique en devenant une réalité sociale, créée par les
médecins, avec des normes sexistes, homophobes et transphobes, qui violent des droits humains en particulier celui à l'intégrité physique. Cette définition permet de sortir des paradigmes médicaux, et évite des divers écueils.
Plus d’infos sur https://cia-oiifrance.org/