Les mecs trans lesbiens, les meufs trans dont les mecs se définissent homo et les personnes cis qui nous traitent de pédé, même combat ?

On va aller à ma réponse tout de suite pour moi, la réponse est “non” suivie très vite d’un “c’est plus compliqué que ça”.
Et aujourd’hui je vais prendre l’exemple des mecs lesbiens (puisqu’il paraît que c’est ce qui faisait exploser Twitter au moment où j’écrivais ces lignes) et présenter mes argument de meuf trans lesbienne (ouais chuis pas concernée vous l’avez compris) pour expliquer en quoi je défend leur légitimité à se définir comme tel.

Après tout, je suis aussi lesbienne et trans donc je coche 2 cases sur 3 😉

Tous les arguments que je vais poser ne sont pas là pour détruire en tant que personnes les gens qui s’y opposent et sachez que j’ai du respect pour votre point de vue. D’autant plus que ce point de vue… ça a été le mien. (et je ne dis pas ça pour dire que votre point de vue est obsolète et daté. Je dis juste ça pour dire que je pige.)
J’veux dire : en tant que femmes trans les espaces lesbiens nous sont interdits par pure transphobie 100% authentique et des mecs trans luttent à côté pour rester intégrés dans ces espaces quand il y a un vague effort d’inclusion de notre côté ? Forcément qu’on l’a mauvaise ! Est-ce que c’est politique ? Aucune idée honnêtement mais force est de constater qu’on se tire dans les pattes souvent parce qu’en tant que commu désunie et diverse dans une société transphobe qui nous hait toustes un peu différemment… Bah c’est difficile de pas trébucher les un·e·s sur les autres de temps en temps.

Mais : policer la façon dont les gens définissent leur orientation sexuelle et imposer quelles étiquettes les personnes queers ont droit ou non de s’apposer sur elles. Pour moi, c’est du gatekeeping. (et le gatekeeping j’aime pas ça)

Est-ce que c’est rassurant de se dire lesbienne = femme + femme strictement et puis c’est tout ? Ouip, chuis d’accord.
Est-ce que c’est plus simple pour que les cis comprennent les vécus trans ? Ouip, chuis d’accord.
Mais est-ce que les vécus trans sont plus complexes ?

Est-ce que certaines étiquettes continuent de coller tant bien que mal parce que bordel les gens en ont encore besoin individuellement et que la société est étrange et que tout le monde est un peu transphobe et que les représentations c’est dur à déconstruire mais c’est encore plus dur d’adapter notre tête autour ?

Toutes les mères trans qui veulent se faire appeler papa. Les mecs trans qui factuellement relationnent toujours dans les commus lesbiennes et sortent avec des meufs lesbiennes sans qu’il y ait d’avantage de transphobie que partout ailleurs ?

Ça existe aussi, ça marche mal avec les termes, les étiquettes ont du mal à coller et pour les personnes extérieures à ces relations ça peut carrément être insultant.

Surtout qu’encore une fois : ces commus nous sont majoritairement interdites, il suffit d’une meuf cis transphobe un peu bruyante et l’absence d’allié·e·s cis costaudes pour qu’on soit automatiquement éjectées, nous, meufs trans.

Mais les mecs trans qui se définissent lesbiens (entre autre mais il paraît que c’est le sujet du jour) ne le font pas par volonté de déterminer ce qui doit être fait et comment le vocab doit être posé. (ou alors s’ils le font, bienvenue dans la commu des personnes trans transphobes qui veulent décider qui doit utiliser quel terme. Faites la queue 😉)

C’est des individu·e·s qui tentent de faire marcher des étiquettes conçues par les cis pour les cis à une réalité non-binaire aux passings incertains et à la transphobie omniprésente. Et les TERFS trouvent toujours du grain à moudre, qu’on leur prête le flanc ou pas.

Que ça soit les meufs trans sans dysphorie génitales ou les mecs trans qui se disent lesbiens (ce qui, dans leurs têtes étroites de TERFs, sous-entend que les meufs trans en couple avec des meufs cis sont hétéros), bah iels comprendront toujours tout n’importe comment.

On ne résonne pas avec les TERFs. Ce n’est pas possible, leur rejet et leur argumentaire ne découle pas de la logique, elle découle de la haine et nos identités, nos vécus, nos ressentis et nos expériences n’ont pas pour vocation de présenter un front uni et digeste pour ces connardasses de TERFs.

Conclusion :

Comme dit plus haut : le gatekeeping c’est vraiment mal et forcer des étiquettes sur des gens c’est mal aussi.
Faire gaffe à la diversité de vécus communautaires représentés c’est important.
Être fier·e de ses étiquettes communautaires c’est important.
Être fier·e de son vécu communautaire c’est important.
Que les cis pigent que ce qui nous définit en tant que personne ayant une orientation sexuelle n’est pas nos parties génitales c’est important.
Et enfin, ne pas assumer l’orientation de quelqu’un·e c’est important.
Car assumer que les gens sont du genre qu’ils apparaissent ou que tout le monde est binaire ça fera toujours du mal à une partie de notre communauté.
Nous rêverons toujours d’un monde où les gens n’auraient pas besoin d’un manuel pour comprendre qui nous sommes. Mais peut-être faut-il admettre que nos vécus sont tout simplement trop divers pour juste rentrer de force dans un “dico des identités trans”.

Yuffy, lesbienne mais techniquement perisoromantique, vaguement perisosexuelle, probablement demisexuelle et avec une sorte de kink sur coucher avec certains cismecs “très masculins” mais pas vraiment c’est compliqué.
(si on tient aux étiquettes précises)

This article was updated on 04/10/2022